Avant-Propos
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Constitués de militaires le plus souvent hennuyers, les Régiments de Chasseurs à Pied sont intimement liés par leur histoire aux grandes villes du Hainaut. A l'origine considérés comme infanterie légère, ces régiments se voyaient chargés des missions de reconnaissance et d'actions spéciales au profit de l'armée en campagne. Au fil du temps, ils perdirent ce caractère de troupes de choc et glissèrent de par l'évolution des technologies de l'armement vers une structure d'emploi proche de l'infanterie classique.
Pour chaque régiment passé en revue, nous nous proposons de tracer l'évolution historique, d'évoquer la marche réglementaire ainsi que les citations acquises, avant de terminer par la présentation des principaux insignes de traditions. Le lecteur intéressé par des recherches complémentaires trouvera in fine la liste des ouvrages consultés.
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Le 1er Régiment de Chasseurs à Pied
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L'actuel 1er Chasseurs à Pied trouve son origine dans la publication au Moniteur de l'Arrêté Royal du 29 janvier 1874 portant sa création. Il est donc paradoxalement la plus jeune des unités de chasseurs ayant existé sur pied de paix.Il est formé par la réunion de 6 compagnies du 1er Régiment de Carabiniers, avec 10 autres prélevées à part égale sur les 2ème et 3ème Chasseurs à Pied. Ces compagnies avaient été désignées par tirage au sort.
Un premier «1er Régiment de Chasseurs à Pied» avait vu cependant le jour lors de la Révolution de 1830. Il fut formé à partir d'un corps de volontaires et de conscrits belges provenant des bataillons de chasseurs et de grenadiers de l'Armée néerlandaise. Entre 1831 et 1836, plusieurs corps francs y sont incorporés. En 1834, le régiment stationne à Mons, caserne Guillaume, qu'il quitte définitivement en 1850. A partir de 1843, le régiment fut peu à peu équipé d'une arme à canon rayé se chargeant par la culasse, la carabine Delvigne-Ponchara. De ce fait, par l'Arrêté Royal de 9 juillet 1847, le 1er Chasseurs devient le Régiment de Chasseurs-Carabiniers, puis par l'Arrêté Royal du 5 mars 1850 celui de 1er Carabiniers. Ce régiment a toujours été repris à l'ordre de bataille de l'Armée. Il constitue, sous la dénomination de 1er Carabiniers «Prince Baudouin», un bataillon d'infanterie blindée de la 1ère Brigade d'Infanterie blindée. Sur pied de paix, conséquemment à la restructuration de la Force terrestre, ce bataillon prend l'appellation de 1er Carabiniers Prince Baudouin - Grenadiers par sa fusion avec le 1er Grenadiers en juin 1992.
Dès le 1er avril 1874 à Mons, Caserne Guillaume, le nouveau 1er Chasseurs à Pied est organisé. Le premier chef de corps de l'unité, le Colonel Lugers, un ancien marin, provient du 3ème Régiment de Ligne. Cette unité avait été mise sur pied en 1830, à partir de l'ex-3de Afdeeling d'infanterie de l'Armée orangiste, tenant garnison à Mons au moment de la Révolution. Assez vite par la suite, le 3ème de Ligne s'identifiera à la ville d'Ostende.
Une musique est adjointe au 1er Chasseurs à Pied dès sa création. Charles Muldermans (1832-1910), son chef jusqu'en 1896, écrivit la marche régimentaire. Les amateurs d'opéra y reconnaîtront un thème de "Fra Diavolo" (1830) d'Auber. Par ailleurs, la marche du 1er Carabiners inspire au compositeur un autre thème lui permettant d'évoquer les liens de filiation entre les deux régiments.
Au cours d'une période de camp à Beverlo, le Colonel Lugers reçoit le Drapeau régimentaire des mains de S.M. Léolpod II, le 15 juillet 1875. Le 1er Chasseurs à Pied quitte Mons pour Charleroi en 1880, son 3e bataillon y revenant, cependant, du 2 octobre 1883 jusqu'en 1884. A la mobilisation de août 1914, le 1er Chasseurs donne naissance au 4e Chasseurs à Pied et au 1er Chasseurs de Forteresse.
Six citations brodées au drapeau (Yser, Merckem, Oostnieuwkerke, Liège, Anvers, Most-lez-Roulers), la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold et la Fourragère aux couleurs du même ordre témoignent de la valeur combative du régiment tout au long du premier conflit mondial et en font l'un des plus décorés de toute l'Armée belge. A l'exception des mois de juin et juilllet 1919 qu'il passe avec les troupes d'occupation en Allemagne, le 1er Chasseurs cantonne dans la région de Liège dès novembre 1918.
Le 1er octobre 1920, il part pour la Rhénanie. Trois ans plus tard, il est rattaché à la 4ème DI du 3ème Corps d'Armée regroupant les unités déployées OutreRhin. Au mois de janvier 1926, le 1er Chasseurs - à l'exception de son 1er bataillon dirigé sur la caserne Prince Baudouin de Bruxelles - retrouve sa garnison de Mons. Il occupe la caserne Major Sabbe (ex-Caserne Guillaume), un héros du régiment mort au combat le 22 octobre 1918. En temps de paix, l'effectif du régiment variait à cette époque de 1500 à 1600 hommes, miliciens compris. Sur pied de guerre, il passait à 3600 hommes.
Lors de la mobilisation de 1939, le 1er Chasseurs à Pied participe à la constitution des 4ème Chasseurs (5ème DI), 7ème Chasseurs (17ème DI) et 10ème Chasseurs(5ème CRI). Intégré à la 5ème Division d'Infanterie (5ème DI), il prend part courageusement à la campagne de mai 1940. Son 2ème bataillon est cité à l'Ordre du Jour de l'Armée (OJA) pour «son action énergique et efficace» lors de la prise et de la défense de Nevele (25, 26 et 27 mai 1940). Cette action fut exécutée en parallèle de la contre-attaque victorieuse des Chasseurs Ardennais à Vinkt.
A la fin du deuxième conflit mondial, la 5ème Brigade d'Infanterie, l'une des cinq brigades dites d'Irlande, reprend à sa création les traditions des Chasseurs à Pied. De ce fait, son personnel arbore au berêt un losange de feutrine vert sur lequel est posé le Lion Belgique. Cette décision ministérielle attribue à la Brigade l'unes des citations acquises par les chasseurs lors du premier conflit mondial: "Merckem". Le 8 mars 1946, son 1er bataillon devient le 1er Chasseurs à Pied et hérite ainsi des traditions du régiment. En 1949, le 1er Chasseurs, intégré aux FBA, est rattaché à la 7ème Brigade d'Infanterie. Une des nombreuses réorganisations de la Force Terrestre de l'après-guerre entraîne sa dissolution le 1er février 1957, faisant fi d'un passé régimentaire parmi les plus glorieux.
Quatre ans plus tard, le 1er mai 1961, le 1er Chasseurs est reconstitué dans la réserve, comme bataillon d'infanterie portée de la 8ème Brigade d'Infanterie (3e DI), destinée à renforcer les troupes d'Allemagne en cas de conflit. La 8ème Brigade est supprimée en 1968. Le 1er Chasseurs réapparaît trois ans plus tard au sein des Forces de l'Intérieur, par changement d'appellation du 4ème Chasseurs.
En 1976, une nouvelle réorganisation de la Force terreste prévoit la création de «bataillons anti-tanks» de brigade. Trois de ces nouvelles unités reprennent les appellations et traditions de régiments n'existant pas en active: ce sont les 8ème, 9ème et 13ème de Ligne. A cette occasion, l'autorité militaire semble avoir fortement songé au 1er Chasseurs à Pied. Depuis 1981, le 1er Chasseurs constitue l'un des états-majors tactiques (EM Tac) du 5ème Régiment de Province, en charge de la Défense Militaire du Territoire (DMT) en Hainaut.
La figure 1 représente l'insigne de béret du 1er Chasseurs, aussi porté sous forme réduite à la patte d'épaule. A l'occasion du 50ème anniversaire (1984) du Monument des Chasseurs à Pied sis à Mons, la Fraternelle des 1er, 4ème, 7ème et 10ème Chasseurs a fait réaliser un insigne (figure 2) : le Beffroi évoque les liens avec Mons et le cor l'appartenance à l'infanterie légère. La couronne de l'infanterie, la devise («Toujours en avant») et le chiffre du 1er Chasseurs et ceux des régiments en étant issus complètent le symbolisme. Notons que le 1er Chasseurs actuel, ne possédant pas son propre insigne de traditions, pourrait fort bien reprendre ce dernier en supprimant simplement les chiffres des régiments mobilisés par l'unité.
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Le 2ème Régiment de Chasseurs à Pied
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Le 2ème Régiment de Chasseurs à Pied trouve ses origines lors de la révolution belge de 1830 par le regroupement de plusieurs corps francs constitués de volontaires acquis aux idéaux de notre indépendance. Ainsi, entre mars et août 1831, la 2ème Brigade de corps francs forme le régiment avec l'absorption successive du 1er Bataillon de Tirailleurs Liégeois et du 2ème Bataillon de Tirailleurs Luxembourgeois. Fait exceptionnel pour l'époque, le régiment disposait de sa fanfare. François HUMBLET (1822-1871), chef de cette formation musicale entre 1855 et 1862, composa la marche régimentaire.
Stationné dès 1843 à Tournai, le 2ème Chasseurs rejoint Mons en 1890. Entre-temps, il reçoit son drapeau des mains de S.M. Léopold II, le 10 août 1872. L'emblème du corps franc de Niellon, l'une des unités de volontaires à l'origine du régiment, avait été cependant conservé en guise de «drapeau régimentaire» jusqu'en 1865.
Lors de la mobilisation d'août 1914, le 2ème Chasseurs se dédouble pour constituer le 5ème Chasseurs à Pied et mobilise un régiment de forteresse. A l'instar du 1er Chasseurs, le régiment s'illustre sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Quatre citations (Yser, Eertvelde, Anvers, Dixmude) sont inscrites au drapeau, qui est aussi décoré de la Fourragère aux couleurs de l'Ordre de Léopold. La fin de 1918 voit le 2ème Chasseurs occuper l'Allemagne jusqu'en mars 1919, époque où il prend ses quartiers à Charleroi, caserne Trésignies, du nom de ce héros emblématique du régiment. Au milieu des années vingt, le régiment est rattaché à la 5ème DI du 1er Corps d'Armée. A la mobilisation de 1939, il donne naissance aux 5ème Chasseurs (1Oème DI), 8ème Chasseurs (17ème DI) et 11ème Chasseurs (5ème CRI). Il effectue la campagne de mai 1940 au sein de la 5ème Division d'Infanterie.
A l'instar du 1er bataillon, le 2ème bataillon de la 5ème Brigade d'Infanterie «Merckem» reprend le nom et les traditions du 2ème Chasseurs à Pied le 8 mars 1946. Il est caserné en Allemagne. De retour à Charleroi, le 2ème Chasseurs dépend des Forces de Défense de l'Intérieur entre décembre 1948 et mai 1954. Les deux années d'après voient le régiment à nouveau affecté aux Forces d'Intervention où il constitue l'une des unités d'infanterie portées de la 12ème Brigade d'Infanterie (4ème DI). Il repasse ensuite aux Forces de Défense de l'Intérieur jusqu'en juillet 1961. Retournant alors aux Forces d'Intervention, il constitue l'un des bataillons d'infanterie blindée de la 17ème Brigade blindée. En 1968, il est transformé en unité d'infanterie légère et passe sous le commandement des Forces de l'Intérieur.
Malgré de nombreux changements de missions et d'affectations hiérarchiques, le 2ème Chasseurs à Pied n'avait pas quitté Charleroi depuis 1948. En 1975, sa reconversion en bataillon anti-chars de brigade le conduit à Siegen en RFA où il absorbe la 17ème compagnie anti-tanks de la 17ème Brigade blindée à laquelle il est rattaché. Le 2ème Chasseurs est alors réduit à deux compagnies l'une de chasseurs de chars chenillés (JPK) et l'autre de missiles anti-chars, coiffées par un Etat-Major de bataillon. Suite à un nouveau plan de restructuration de la Force terretre, il voit sa structure ramenée à la seule compagnie missiles le 31 janvier 1986. Cependant, il conserve l'appellation et les traditions du 2ème Régiment de Chasseurs à Pied. Les plans Charlier et REFORBEL (REtour des FORces d'Allemagne en BELgique) ne semblent pas viser cette unité au riche passé militaire. Restant rattachée à la 17ème Brigade blindée, elle quittera cependant sa garnison de Siegen pour Spich (fin 1992 ou début 1993).
Insignes de béret du 2ème Chasseurs à Pied. Le 1er modèle apparaît en 1949 (figure 3). L'actuel modèle, conçu en 1951, représente les armes de la Ville de Charleroi, posée sur un listel avec la devise régimentaire évoquant le célèbre épisode de la 1ère guerre mondiale (figure 4).
L'insigne de poche régimentaire est constitué par l'insigne du béret posé sur un écu français. Le modèle représenté ci-dessus (figure 5) a été fabriqué au début des années 60; le modèle actuel reproduit les mêmes motifs sans écu. La figure 6 représente l'insigne de poche du peloton mortier 4"2 du régiment, réalisé vers 1960.
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Le 3ème Régiment de Chasseurs à Pied
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A l'instar de 2ème Chasseurs à Pied, le 3ème Régiment de Chasseurs à Pied est constitué par la fusion successive de plusieurs corps de volontaires. En août 1831, le régiment est définitivement formé suite à l'incorporation du 2ème bataillon de Tirailleurs de l'Escaut et du bataillon de Tirailleurs de la Meuse.
Le 20 août 1872, le 3ème Chasseurs reçoit son drapeau, en même temps que le 2ème Chasseurs, des mains de S.M. Léopold II. La remise des emblêmes aux 2ème et 3ème Chasseurs plus de 40 ans après leur constitution s'explique par l'évolution des doctrines militaires. Utilisés jusqu'alors en petits détachements dans une fonction de reconnaissance, ils risquaient par la nature de ce rôle la perte de leur drapeau. Gardant cependant le caractère de troupes de choc propre à l'infanterie légère, les chasseurs à pied glissèrent vers une conception d 'emploi proche de la Ligne. Par suite, le Gouvernement décida de leur remettre un drapeau régimentaire.
En 1900, les musiques militaires purent disposer officiellement d'un effectif de 32 musiciens «gagistes», leur ouvrant ainsi la possibilité d'exécuter des morceaux entièrement orchestrés. C'est à cette époque que fut écrite la marche régimentaire. Composition de Valéry BURY (1878-1959), inspecteur la Musique Militaire de 1927 à 1932, cette oeuvre s'articule entièrement autour de thèmes de l'opéra "Der Freischütz" (1821) de C. M. von WEBER. On y retrouve notamment le fameux «choeur des chasseurs». Parmi les marches militaires belges, seules celles des 1er et 3ème Chasseurs à Pied ainsi que du 2ème Grenadiers empruntent des thèmes à l'opéra.
En août 1914, le 3ème Chasseurs à Pied, caserné à Tournai, forme le 6ème Chasseurs et un régiment de forteresse. Il participe bri1lament au premier conflit mondial, comme en témoignent les quatre citations (Yser, Moorslede, Anvers, Beerst-Bloote) et la Fourragère aux couleurs de l'Ordre de Léopold portées à son drapeau. En 1920, le Régiment retrouve sa garnison tournaisienne, caserne Général Baron Ruquoy, du nom d'un ancien chef de corps de l'unité. Il est placé à la disposition de la 5ème Division d'Infanterie du 1er Corps d'Armée.
A la mobilisation, le 3ème Chasseurs donne naissance aux 6ème Chasseurs (10ème DI), 9ème Chasseurs (17ème DI) et 12ème Chasseurs (5ème CRI). Il prend part courageusement à la Campagne des Dix-huit jours au sein de la 10ème DI. L'emblème régimentaire sera incinéré le 28 mai 1940 à Handzame (QG du IVème Corps d'Armée).
Comme pour les deux autres bataillons, c'est le 3ème bataillon de la 5ème Brigade d'Infanterie «Merckem» qui reprend les traditions et l'appellation du 3ème Chasseurs à Pied le 8 mars 1946. Une réplique de l'ancien drapeau régimentaire est alors confectionnée. Elle est confiée au bataillon le 4 mai 1946 lors de la cérémonie solennelle de remise des emblèmes des anciens régiments aux nouveaux corps.
Dès le 10 juin 1947, le 3ème Chasseurs passe à la réserve et constitue l'un des bataillons de la 8ème Brigade d'Infanterie (2ème DI). Le 5 janvier 1954, le 3ème Chasseurs est recréé en active à Verviers et dépend de la 12ème Brigade d'Infanterie (4ème DI)... pour être déjà supprimé le 1er juillet suivant, suite à la réduction du temps de service. Son 1er Bataillon subsiste cependant sur pied de guerre au sein de la 3lème Brigade d'Infanterie attachée à la 5ème DI.
Suite à la suppression de cette division le 1er décembre 1956, le bataillon passe avec son nom et son personnel à la l2ème Brigade d'Infanterie (4ème DI). Le 1er juillet 1960, le 1er Bataillon du 3ème Chasseurs prend l'appellation de 3ème Chasseurs à Pied. Il forme l'un des bataillons d'infanterie de la l2ème Brigade d'Infanterie portée (4ème DI), relevant des Forces de l'Intérieur. La 4ème DI et ses unités seront dissoutes le 2 avril 1968. La 12ème Brigade avec le 3ème Chasseurs est de nouveau prévue sur pied de guerre le 1er octobre suivant. La nouvelle 12ème Brigade d'Infanterie motorisée est destinée à complèter la 16ème Division Blindée et, à ce titre, à participer aux opérations du 1er Corps d'Armée des Forces belges en Allemagne. En 1990, la nouvelle organisation de la Force terrestre la destine, en cas de mobilisation, à accomplir des missions au profit de l'O.N.U.
Le premier insigne de bérêt (figure 7) du 3ème Chasseurs est adopté en 1950. Le second modèle évoquant les armoiries de Tournai (figure 8) ressort des projets élaborés en 1954 lors de la reconstitution en active du bataillon. Suite au passage dans la réserve, il recevra tardivement l'homologation officielle en 1971.
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Le 4ème Régiment de Chasseurs à Pied
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Le 4ème de Chasseurs à Pied est un régiment dont l'histoire cotoie celle du 1er Chasseurs et des deux conflits mondiaux. Il voit le jour en août 1914 à Charleroi, par la mobilisation et le dédoublement du 1er Chasseurs. Engagés conjointement à la défense des forts de Liège, les pertes liées aux combats équivalèrent à plus d'un bataillon pour chacun des deux régiments. Aussi le 4ème Chasseurs fut dissous le 8 août et fusionna avec le 1er Chasseurs. La rentrée de militaires séparés des régiments lors des premiers engagements permit de restructurer distinctement les deux régiments dès le 17 août suivant, sur une base organique de deux bataillons. En janvier et en février 1915, par l'incorporation de recrues et la réorganisation des compagnies existantes, les deux régiments passeront à trois bataillons. A partir de 1916, le Régiment dispose de sa propre musique, placée sous la direction de PUTTEMANS. La marche régimentaire est l'oeuvre de AVEAU (?).
La brillante participation du 4ème Chasseurs à la première guerre mondiale lui permet d'inscrire sur son drapeau cinq citations (Yser, Merckem, Oostnieuwkerke, Liège, Anvers) et d'y voir figurer la Fourragère aux couleurs de l'Ordre de Léopold. Cantonnant dans la région de Verviers en 1919, le 4ème Chasseurs part pour la Rhénanie l'année suivante. Il est intégré à la 4ème DI du 3ème Corps d'Armée. Suite à la mise sur pied de paix de l'Armée et à des restrictions budgétaires, le 4ème Chasseurs est dissous fin 1925. Le 4ème Chasseurs à Pied est reconstitué en septembre 1939 à nouveau par le 1er Chasseurs en garnison à Mons. Avec ce dernier, il entre dans la composition de la 5ème Division d'Infanterie. Son 1er bataillon est porté à l'OJA (Ordre du Jour de l'Armée) pour «sa résistance digne d'être citée en exemple» lors de son action sur la Lys le 27 mai 1940.
En août 1950, les plans de mobilisation prévoient la formation de trente bataillons de garde, répartis entre les neufs provinces du royaume. Ces unités de réserve doivent assurer la protection de points jugés vitaux pour la défense et l'économie du pays. Parmi les cinq bataillons de garde affectés à la province du Hainaut, le 58ème. Son dépôt de mobilisation se trouvait sur l'emplacement actuel du SHAPE (camp dit de «Casteau», situé en fait pour ses deux tiers sur le territoire de la commune de Maisières). Ce 58ème Bataillon prend le 1er mai 1961 l'appellation de 4ème Bataillon de Chasseurs à Pied, tout en conservant jusqu'en 1966 la structure du bataillon de garde, dont une compagnie de fusilliers cyclistes. Il passe alors aux ordres des Forces de Défense de l'Intérieur.
Transféré aux unités de garde de la province du Hainaut le 1er avril 1969, le 4ème Chasseurs reprend l'appellation du 1er Chasseurs à Pied, en juillet 1971. Ce dernier se trouvait en fait sans affectation spécifique dans la réserve par suite de la suppression de la 8ème Brigade d'Infanterie. L'instauration de la DMT (Défense Militaire du Territoire) en 1981 permet à un état-major tactique (EM Tac) du 5ème Régiment de Province de prendre à nouveau l'appellation du 4ème Chasseurs à Pied. Ce 5ème Régiment de Province comprend alors les EM Tac suivants: 1er, 4ème et 6ème Chasseurs à Pied ainsi que le 3ème Chasseurs à Cheval, lequel sera remplacé quelques années plus tard par le 3ème Guides. Ces états-majors sont des organes de commandement coordonnant au plan tactique les compagnies du régiment de province, lesquelles gardent leur dénomination de fonction (ex: 512ème Compagnie de Garde). Ils portent les noms et traditions de régiments, n'appartenant plus à l'active ou ayant été dissous, afin de susciter un esprit de corps au sein de la DMT.
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Le 5ème Régiment de Chasseurs à Pied
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La mobilisation de juillet-août 1914 voit la création du 5ème Chasseurs à Pied, issu du 2ème Chasseurs alors en garnison à Mons. Les pertes de septembre sous Anvers ayant été sévères, le régiment est dissous et fusionne avec le 2ème Chasseurs. Le 23 décembre 1916, le 5ème Chasseurs est reconstitué par l'incorporation de recrues, de plusieurs compagnies du 2ème Chasseurs et d'une du 1er Chasseurs. Il compte une musique régimentaire, dirigée par GODART, qui compose la marche du régiment.
A la fin du conflit, le régiment se vit octroyer quatre citations (Yser, Moorslede, Anvers, Dixmude) et la Fourragère aux couleurs de l'ordre de Léopold. Après quelques mois d'occupation en Allemagne, le 5ème Chasseurs rentre à Mons (camp dit de «Casteau») le 2 avril 1919, où il est dissous le 1 S novembre 1923. Réformé par dédoublement du 2e Chasseurs en 1938 et une nouvelle fois en 1939, il participé au sein de la 10e DI à la campagne de mai 1940.
Les plans de mobilisation d'après-guerre prévoient la création de plusieurs régiments et autres unités, dont le 5ème Chasseurs à Pied, destinés à assurer les multiples tâches de défense du pays. Depuis 1981, le 5ème Chasseurs à Pied est prévu, dans le cadre de la DMT, comme bataillon d'Infanterie légère des Forces de l'Intérieur. Il est intégré au 13ème Régiment Léger, à côté du 3ème Chasseurs Ardennais (unité d'active) et du 4ème Carabiniers Cyclistes (unité de réserve). Par son activation entre le 24 août et le 12 septembre 1981, le 5ème Chasseurs à Pied est la première unité à effectuer un rappel dans le cadre de la DMT. Le 13ème Léger est l'une des deux unités placées à la disposition du commandant des Forces de l'Intérieur. Actuellement, sa mission consisterait, en période de mobilisation à soutenir opérationnellement les régiments DMT de province déployés dans le sud du pays.
Un insigne de béret propre au 5ème Chasseurs à Pied est en gestation depuis 1978. Le premier modèle (figure 9) fut refusé par les services de l'homologation car il évoquait fort peu les origines du régiment. Un second modèle (figure 10) représentant les armes de la Ville de Mons fut élaboré, mais le décès inopiné de son créateur empêcha sa présentation, semble-t-il, aux autorités concernées. Le cheflieu du Hainaut aurait enfin eu «son» insigne, les deux autres grandes cités hennuyères, tout aussi liées aux chasseurs à pied, ayant vu leurs armes figurées aux bérets des 2ème et 3ème Chasseurs.
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Le 6ème Régiment de Chasseurs à Pied
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Le 6ème Régiment de Chasseurs à Pied voit le jour lors de la mobilisation d'août 1914 par le dédoublement du 3ème Chasseurs en garnison à Tournai. Il reçoit son emblème le 6 août entre Namur et Eghezée. A la mi-octobre, suite à de lourdes pertes, le régiment est dissous et ses effectifs sont versés au 3ème Chasseurs. Il est cependant recréé le 20 décembre 1916. Une musique lui est attachée et placée sous la direction de GRAINDORGE qui compose la marche régimentaire. Pour sa brillante conduite au cours des opérations militaires, quatre citations (Anvers, Moorslede, Beerst-Bloote, Yser) sont brodées à son drapeau qui reçoit aussi la Fourragère de l'Ordre de Léopold. La mise sur pied de paix de l'Armée le 29 octobre 1923 provoque sa dissolution.
Reconstitué à partir du 3ème Chasseurs à Pied lors de la mobilisation de septembre 1939, il participe honorablement à la campagne de mai 1940 au sein de la 10ème DI. Aux débuts des années quatre-vingt, le 6ème Chasseurs à Pied est porté à l'ordre de bataille de la Force terrestre comme état-major tactique du 5ème Régiment de Province.
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Les 1er, 2ème et 3ème Régiments de Chasseurs de Forteresse
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La loi du 30 août 1913, généralisant les obligations de milice, devait permettre de porter en quatre ans les effectifs mobilisés à 340.000 hommes, dont 130.000 affectés aux troupes de forteresse sous la dénomination des régiments mobilisateurs, Ainsi, les trois régiments d'active des chasseurs à pied donnèrent naissance chacun à un régiment de forteresse. Le 1er Chasseurs de Forteresse rejoignit la Position Fortifiée de Namur, tandis que les 2ème et 3ème Chasseurs de Forteresse furent envoyés dans la Position Fortifiée d'Anvers.
Composées des classes les plus âgées, peu encadrées et peu instruites, les troupes de forteresse se battirent avec une efficacité assez inégale. Ainsi, le 1er Chasseurs de Forteresse se distingua sous Namur, tandis que les régiments de Forteresse d'Anvers ne semblent guère avoir brillé.
Au cours des replis successifs d'août et septembre 1914, les troupes de forteresse disparaissent dans le chaos de la retraite et de la capitulation des forts. Cependant, une partie de leurs éléments parviennent à suivre les mouvements de l'Armée de campagne et participent à la défense de l'Yser où ils sont vraisemblablement intégrés aux unités des Divisions d'Armée et des troupes de soutien.
Les emblèmes des vingt régiments de forteresse connurent une fortune assez diverse. La plupart furent perdus, capturés ou brûlés, quelques-uns passés en Hollande ou en France. Seuls 6 tabliers et 2 lions sont conservés actuellement au Musée Royal de l'Armée.
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Les 7ème, 8ème et 9ème Régiments de Chasseurs à Pied
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Les plans de mobilisation de 1939 prévoyaient notamment la constitution de 18 divisions d'infanterie, réparties également entre trois catégories. Ces catégories indiquaient le niveau d'équipement des divisions et donc leurs disponibilités opérationnelles. Les régiments de ces grandes unités provenaient de corps de l'active. C'est ainsi que les 7ème, 8ème et 9ème Régiments de Chasseurs à Pied furent issus respectivement des 1er, 2mee et 3ème régiments du même nom. Un Arrêté Royal de novembre 1939 accorda aux 7ème et 8ème Chasseurs un drapeau qui ne leur sera toujours pas remis au moment des hostilités. Les trois régiments constituèrent l'infanterie de la 17ème DI au sein de laquelle ils effectuèrent courageusement la campagne de 1940.
Dissous au lendemain des Dix-huit jours, ils ne sont plus repris à l'ordre de bataille de la Force terrestre. Les traditions des 7ème et 8ème Chasseurs sont confiées respectivement aux 3ème bataillons des 1er et 2ème Chasseurs, prévus en cas de mobilisation. En vertu de l'Arrêté Royal de novembre 1939, un drapeau sera fabriqué et attribué à ces bataillons, lesquels seront à leur tour dissous à la fin des années cinquante. Quant au 9ème Chasseurs à Pied, aucun emblème ne lui a été attribué et ses traditions n'ont pas été reprises après 1945.
De 1951 à 1961, certaines unités prévues en cas de mobilisation furent désignées par des appellations du type «1er Bataillon 2ème Chasseurs». Dans l'organisation pied de guerre de la Force terrestre on relève au 1er décembre 1951 l'existence des unités de chasseurs à pied suivantes:
2ème Bataillon 1er Chasseurs (8ème Bde Inf / 2ème DI) 3ème Bataillon 1er Chasseurs (9ème Bde Inf / 3ème DI) 1er Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI) 2ème Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI) 3ème Bataillon 2ème Chasseurs (31ème Bde Inf / 5ème DI) |
La 5ème Division d'Infanterie était constituée sur pied de guerre par les Forces de l'Intérieur. Trois bataillons d'active leur appartenant servaient comme corps mobilisateurs aux brigades de la 5ème Division, sur base de principes analogues à ceux en vigueur à la fin des années trente. Ainsi, le 2ème Chasseurs à Pied formait, comme indiqué ci-dessus, la 31e Brigade d'Infanterie; le 6ème de Ligne, la 32ème et le
11ème de Ligne, la 33ème. La 5ème DI sera supprimée le 1er décembre 1956. Les appellations sus-mentionnées seront remplacées le 1er juillet 1961 par une dénomination unique (exemple: 2ème Chasseurs). Elles étaient sans doute l'une des dernières traces de l'organisation anglaise en vigueur à la Force terrestre jusqu'en 1951.
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Les 10ème, 11ème et 12ème Régiments de Chasseurs à Pied
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La mobilisation de 1939 devait fournir les effectifs non seulement disponibles dans l'immédiat mais aussi destinés à combler les pertes. Pour chaque division d'active (6 divisions de première catégorie), était donc prévu un Dépôt Renfort et Instruction (DRI), identifié par le numéro de la division de laquelle il dépendait. C'est ainsi que le 5ème DRI fut chargé de fournir les renforts de la 5ème Division. En février 1940 sont formés, par les régiments de chasseurs de l'active, les 10ème, 11ème et 12ème Chasseurs à Pied au sein du 5ème DRI. Un mois plus tard, ils constituent le 5ème Centre de Renfort et d'Instruction (5ème CRI). Ces régiments ne reçurent pas de drapeau régimentaire.
Les six CRI existants étaient coiffés par un état-major et regroupés sous l'appellation de Troupes de Renfort et d'Instruction. L'avance rapide des troupes allemandes provoque leur repli vers le sud de la France, dans la région de Montpellier. La capitulation française entraîne à son tour le retour et la démobilisation en Belgique des 3.000 officiers et 70.000 hommes relevant des Troupes de Renfort et Instructions.
Ainsi se termine la campagne de 1940 des unités de chasseurs à pied. Rappellons que les 3 régiments d'active avaient mobilisé l'infanterie de trois divisions. Ces divisions figurent au nombre de celles qui se distinguèrent particulièrement par leurs actions dans les Flandres. Nous en donnons ci-après la composition, illustration des plans de mobilisation de l'Armée belge de l'époque.
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Composition des divisions de Chasseurs à Pied de mai 1940
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- 5ème Division d'Infanterie (division d'active):
- 1er, 2ème, 4ème Régiments de Chasseurs à Pied
- 11ème Régiment d'Artillerie (48 pièces)
- 5ème Bataillon du Génie (4ème Génie)
- 5ème Bataillon TTr (Régiment TTr)
- un escadron cycliste (1er Lanciers)
- 10ème Division d'Infanterie (division de 1ère Réserve):
- 3ème, 5ème, 6ème Régiments de Chasseurs à Pied
- 10ème Régiment d'Artillerie (11ème d'Artillerie) (48 pièces)
- 8ème Bataillon du Génie (3ème Génie)
- 10ème Bataillon TTr (Régiment TTr)
- un escadron cycliste (2ème Chasseurs à Cheval)
- 17ème Division d'Infanterie (division de 2ème Réserve):
- 7ème, 8ème, 9ème Régiments de Chasseurs à Pied
- 25ème Régiment d'Artillerie (3ème - 5ème d'Artillerie) (24 pièces)
- 17ème Bataillon du Génie (3ème Génie)
- 17ème Compagnie TTr (Régiment TTr)
- un groupe cycliste (1er Guides)
Un corps de transport, des unités d'intendance et médicales ainsi qu'un état-major divisionnaire étaient attachés à chaque division. Les 5ème DI et 10ème DI relevaient du VIème Corps d'Armée, la 17ème DI du Vème Corps d'Armée. Entre parenthèses, figurent les corps mobilisateurs (pour les composantes divisionnaires n'existant pas en active).
Pour les régiments de chasseurs nous renvoyons le lecteur au texte.
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Sources
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Nous tenons à souligner le précieux et combien généreux concours trouvé auprès de Monsieur J CHAMPAGNE. Ses conseils et ses ouvrages ont largement inspiré notre démarche. Toutes nos illustrations proviennent de son livre consacré aux insignes et traditions belges de l'infanterie.
- BALERIAUX A., «La belle histoire du 2ème Chasseurs à Pied», éd. G. EVERLING.
- CHAMPAGNE J, «L'infanterie», col. Insignes et traditions, éd. G. EVERLING (voir aussi dans la même collection: «La cavalerie», «L'artillerie», «Génie et Transmissions»).
- CHAMPION L., «Les volontaires de la libération - Chronique des 53 000», éd. J. M. COLLET.
- de FABRIBECKERS, «La campagne de l'Armée belge en 1940», éd. de FABRIBECKERS.
- DERIE G. et PACCO J, «Les soldats de Léopold 1er et Léopold II», éd. P. LEGRAIN.
- FRIST E., «Maisières, le village où le SHAPE s'est installé - Voyage à travers les siècles», inéd.
- FUNCKEN L. et F., «L'uniforme et les armes des soldats de 1914-1918», T. 1, éd. CASTERMAN.
- MASSART Col., «Historique du 13e de Ligne (1918-1980)», éd. C.D.H.
- VAN WELKENHUYZEN J, «Neutralité armée», col. Notre histoire, éd. La Renaissance du Livre.
- n., «Historique des 1er et 4ème Chasseurs», inéd.
- n., «Ce que tout soldat belge doit connaître», plaquette éditée et offerte par Kwatta (1925).
- Les Fiches Nouvelle Armée - Service historique des Forces armées (3ème, 4ème, 5ème et 6ème Chasseurs).
- Plaquette accompagnant le CD «Belgian Military Marches - Vol. 2 - Infantry Marches», musique du 1er Régiment de Guides, R. GAILLY International, Production 1991.
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