Le 1er Régiment de Chasseurs à Pied

L'actuel 1er Chasseurs à Pied trouve son origine dans la publication au Moniteur de l'Arrêté Royal du 29 janvier 1874 portant sa création. Il est donc paradoxalement la plus jeune des unités de chasseurs ayant existé sur pied de paix.Il est formé par la réunion de 6 compagnies du 1er Régiment de Carabiniers, avec 10 autres prélevées à part égale sur les 2ème et 3ème Chasseurs à Pied. Ces compagnies avaient été désignées par tirage au sort.

Un premier «1er Régiment de Chasseurs à Pied» avait vu cependant le jour lors de la Révolution de 1830. Il fut formé à partir d'un corps de volontaires et de conscrits belges provenant des bataillons de chasseurs et de grenadiers de l'Armée néerlandaise. Entre 1831 et 1836, plusieurs corps francs y sont incorporés. En 1834, le régiment stationne à Mons, caserne Guillaume, qu'il quitte définitivement en 1850. A partir de 1843, le régiment fut peu à peu équipé d'une arme à canon rayé se chargeant par la culasse, la carabine Delvigne-Ponchara. De ce fait, par l'Arrêté Royal de 9 juillet 1847, le 1er Chasseurs devient le Régiment de Chasseurs-Carabiniers, puis par l'Arrêté Royal du 5 mars 1850 celui de 1er Carabiniers. Ce régiment a toujours été repris à l'ordre de bataille de l'Armée. Il constitue, sous la dénomination de 1er Carabiniers «Prince Baudouin», un bataillon d'infanterie blindée de la 1ère Brigade d'Infanterie blindée. Sur pied de paix, conséquemment à la restructuration de la Force terrestre, ce bataillon prend l'appellation de 1er Carabiniers Prince Baudouin - Grenadiers par sa fusion avec le 1er Grenadiers en juin 1992.

Dès le 1er avril 1874 à Mons, Caserne Guillaume, le nouveau 1er Chasseurs à Pied est organisé. Le premier chef de corps de l'unité, le Colonel Lugers, un ancien marin, provient du 3ème Régiment de Ligne. Cette unité avait été mise sur pied en 1830, à partir de l'ex-3de Afdeeling d'infanterie de l'Armée orangiste, tenant garnison à Mons au moment de la Révolution. Assez vite par la suite, le 3ème de Ligne s'identifiera à la ville d'Ostende.

Une musique est adjointe au 1er Chasseurs à Pied dès sa création. Charles Muldermans (1832-1910), son chef jusqu'en 1896, écrivit la marche régimentaire. Les amateurs d'opéra y reconnaîtront un thème de "Fra Diavolo" (1830) d'Auber. Par ailleurs, la marche du 1er Carabiners inspire au compositeur un autre thème lui permettant d'évoquer les liens de filiation entre les deux régiments.

Au cours d'une période de camp à Beverlo, le Colonel Lugers reçoit le Drapeau régimentaire des mains de S.M. Léolpod II, le 15 juillet 1875. Le 1er Chasseurs à Pied quitte Mons pour Charleroi en 1880, son 3e bataillon y revenant, cependant, du 2 octobre 1883 jusqu'en 1884. A la mobilisation de août 1914, le 1er Chasseurs donne naissance au 4e Chasseurs à Pied et au 1er Chasseurs de Forteresse.

Six citations brodées au drapeau (Yser, Merckem, Oostnieuwkerke, Liège, Anvers, Most-lez-Roulers), la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold et la Fourragère aux couleurs du même ordre témoignent de la valeur combative du régiment tout au long du premier conflit mondial et en font l'un des plus décorés de toute l'Armée belge. A l'exception des mois de juin et juilllet 1919 qu'il passe avec les troupes d'occupation en Allemagne, le 1er Chasseurs cantonne dans la région de Liège dès novembre 1918.

Le 1er octobre 1920, il part pour la Rhénanie. Trois ans plus tard, il est rattaché à la 4ème DI du 3ème Corps d'Armée regroupant les unités déployées Outre­Rhin. Au mois de janvier 1926, le 1er Chasseurs - à l'exception de son 1er bataillon dirigé sur la caserne Prince Baudouin de Bruxelles - retrouve sa garnison de Mons. Il occupe la caserne Major Sabbe (ex-Caserne Guillaume), un héros du régiment mort au combat le 22 octobre 1918. En temps de paix, l'effectif du régiment variait à cette époque de 1500 à 1600 hommes, miliciens compris. Sur pied de guerre, il passait à 3600 hommes.

Lors de la mobilisation de 1939, le 1er Chasseurs à Pied participe à la constitution des 4ème Chasseurs (5ème DI), 7ème Chasseurs (17ème DI) et 10ème Chasseurs(5ème CRI). Intégré à la 5ème Division d'Infanterie (5ème DI), il prend part courageusement à la campagne de mai 1940. Son 2ème bataillon est cité à l'Ordre du Jour de l'Armée (OJA) pour «son action énergique et efficace» lors de la prise et de la défense de Nevele (25, 26 et 27 mai 1940). Cette action fut exécutée en parallèle de la contre-attaque victorieuse des Chasseurs Ardennais à Vinkt.

A la fin du deuxième conflit mondial, la 5ème Brigade d'Infanterie, l'une des cinq brigades dites d'Irlande, reprend à sa création les traditions des Chasseurs à Pied. De ce fait, son personnel arbore au berêt un losange de feutrine vert sur lequel est posé le Lion Belgique. Cette décision ministérielle attribue à la Brigade l'unes des citations acquises par les chasseurs lors du premier conflit mondial: "Merckem". Le 8 mars 1946, son 1er bataillon devient le 1er Chasseurs à Pied et hérite ainsi des traditions du régiment. En 1949, le 1er Chasseurs, intégré aux FBA, est rattaché à la 7ème Brigade d'Infanterie. Une des nombreuses réorganisations de la Force Terrestre de l'après-guerre entraîne sa dissolution le 1er février 1957, faisant fi d'un passé régimentaire parmi les plus glorieux.

Quatre ans plus tard, le 1er mai 1961, le 1er Chasseurs est reconstitué dans la réserve, comme bataillon d'infanterie portée de la 8ème Brigade d'Infanterie (3e DI), destinée à renforcer les troupes d'Allemagne en cas de conflit. La 8ème Brigade est supprimée en 1968. Le 1er Chasseurs réapparaît trois ans plus tard au sein des Forces de l'Intérieur, par changement d'appellation du 4ème Chasseurs.

En 1976, une nouvelle réorganisation de la Force terreste prévoit la création de «bataillons anti-tanks» de brigade. Trois de ces nouvelles unités reprennent les appellations et traditions de régiments n'existant pas en active: ce sont les 8ème, 9ème et 13ème de Ligne. A cette occasion, l'autorité militaire semble avoir fortement songé au 1er Chasseurs à Pied. Depuis 1981, le 1er Chasseurs constitue l'un des états-majors tactiques (EM Tac) du 5ème Régiment de Province, en charge de la Défense Militaire du Territoire (DMT) en Hainaut.

Insigne de béret du 1 Chasseurs à Pied
Nouvel insigne de béret du 1 Chasseurs à Pied
Insigne de la Fraternelle des 1, 4, 7 et 10 Chasseurs
Figure 1
Figure 2a
Figure 2b

La figure 1 représente l'insigne de béret du 1er Chasseurs, aussi porté sous forme réduite à la patte d'épaule. La figure 2a représente l'actuel insigne de béret (Régiment Territorial des Chasseurs à Pied).

Divisé en 4 " quartiers " par une horizontale et une verticale.
Au 1er et au 4ème quartier, le lion noir de la Flandre avec griffes et langue rouges.
Au 2ème et au 3ème quartier, le lion rouge de Hollande avec griffes et langue bleues.
L'écu est surmonté de la couronne d'infanterie et derrière le bouclier d'or, la représentation du Cor des Chasseurs.

A l'occasion du 50ème anniversaire (1984) du Monument des Chasseurs à Pied sis à Mons, la Fraternelle des 1er, 4ème, 7ème et 10ème Chasseurs a fait réaliser un insigne (figure 2b) : le Beffroi évoque les liens avec Mons et le cor l'appartenance à l'infanterie légère. La couronne de l'infanterie, la devise («Toujours en avant») et le chiffre du 1er Chasseurs et ceux des régiments en étant issus complètent le symbolisme.